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14/03/2018

Un swap avec Ellettres, saison 2

Début d'année dernière, Ellettres et moi avions décidé de nous faire un swap, pouf comme ça, pour le plaisir. Depuis, on parle toujours autant bouquins (mais pas que), on s'est rencontrées, on a arpenté les librairies lyonnaises ensemble (et craqué quelques sous au passage). Bref, merci les blogs !

Inutile de dire qu'on avait bien envie de remettre le couvert avec un nouvel échange de colis cette année. On s'y est même prises un peu plus tôt que l'an dernier (la hâte, sans doute) et on a décidé de se fixer quatre catégories pour les livres : un anglais pour le mois de juin, un latino pour le challenge d'Ellettres, un classique parce qu'on est toutes les deux dans cette envie pour 2018 et, évidemment, un coup de cœur de l'une pour l'autre. 

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Et voilà que je reçois ce paquet tout rose un beau mercredi de Saint Valentin : on ne peut pas plus raccord ! D'autant que mon facteur facétieux a décidé de passer trois heures plus tard que d'habitude ; je ne l'attendais donc plus ce jour-là. Honte à moi par contre, je réalise au moment d'écrire ce billet que je n'ai pas pris d'autres photos du colis tout emballé. Comment vous dire ? Je trépignais trop d'ouvrir mes paquets hmm... 

Voici donc le beau contenu qui donne envie : 

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J'ouvre le bal du détail avec les surprises !
Ellettres connaît bien mon affection pour les marque-pages que j'amasse de façon compulsive et choisis toujours en fonction de mes lectures et mon amour pour les chats (sans commentaires) ; elle a donc joint l'utile à l'agréable avec un joli carnet de marque-pages chats à colorier - et en plus, il paraît que ça détend !
En parlant de détente (serais-je quelqu'un de stressé, à  l'occasion ?!), elle a également ajouté un roll-on d'huiles essentielles anti-stress (mandarine et ylang-ylang entre autres, miam). Avec tout ça, j'ai pu reprendre le boulot dans la zénitude la plus totale ! 

Du côté des gourmandises, elle a donné dans le 100% suisse pour mon plus grand plaisir.
Du chocolat, évidemment, et quel chocolat, messieurs dames ! Ok, la Suisse n'est pas l'un des pays du chocolat pour rien. J'ai rarement mangé un noir/noisettes aussi bon.
A cela s'ajoute un thé, évidemment aussi, au nom merveilleusement prédestiné puisqu'il s'agit des Caprices de Lili de Tekoe. Il est tout simplement délicieux, alors même que je supporte très mal le thé blanc d'habitude (mes papilles l'adorent mais moins mon estomac). Il est ici mélangé à plusieurs thés verts - sans doute pour cela qu'il passe si bien, au citron, au pamplemousse et aux pétales de fleurs. Allez savoir, mais j'y trouve aussi des arômes de fraise. Bref, Les caprices de Lili est magique. Merci, Copinette ! 

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Du côté des romans, c'est la grosse fête du slip !

Du côté de l'anglais, je vais pouvoir partir enfin à la découverte d'un roman qui me fait de l’œil depuis un bon moment et dont je ne lis que des éloges : le fameux Avec vue sur l'Arno de E. M. Forster. Entre la comédie de mœurs typiquement anglaise, l'éducation sentimentale et le portrait moderne d'une époque, ce roman promet ♥

Du côté du classique, je vais assouvir ma curiosité de l'oeuvre de Vladimir Nabokov avec Feu pâle qui annonce d'être exigeant, follement érudit et totalement décalé. Miam ! 

J'ai gardé les deux suivants pour la fin puisqu'on touche aux domaines de ma binôme ! 

Pour le challenge latino, elle me propose de poursuivre l'aventure Mario Vargas Llosa initiée l'an dernier avec Tours et détours de la vilaine fille. Cette année, je plongerai donc dans La tante Julia et le scribouillard qui prévoit d'être savoureux au vu de ce que j'ai feuilleté. 

Quant au coup de cœur, je vais découvrir non seulement un roman mais aussi une auteure que je ne connais pas, si ce n'est de nom : Un été sans les hommes de Siri Hustvedt. Je me rappelle son billet super enthousiaste et enthousiasmant à propos de ce livre, à tel point qu'elle m'avait donné de le lire à mon tour, bien que je n'y serais pas allée spontanément sans ça. Je crois qu'elle a bien entendu que ses mots avaient suscité cette envie et voici maintenant qu'elle la concrétise, c'est merveilleux ! La question est : attendrais-je l'été pour ouvrir ce livre ou pas ?!

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Je me dois de clore ce billet par un grand merci à ma copinette Ellettres ! Pour toutes ces délicates attentions, pour les futures belles lectures, et pour ces délices gustatifs 100% suisses ! 

Vivement l'année prochaine ! 

Le billet d'Ellettres sur mon colis 

17/01/2018

Eleanor & Park de Rainbow Rowell

littérature ado,young adult,romance,histoire d'amour,amour,adolescents,rock,80's,coup de coeurA la recherche de quelques histoires d'amour fraîches et contemporaines pour mes ados, je suis tombée dernièrement sur ce roman, dont le synopsis avait d'emblée bien des atouts : Dans les années 80, Eleanor débarque dans un nouveau lycée et ne risque pas de passer inaperçue avec sa carrure imposante, son opulente chevelure rousse et sa dégaine improbable. Park, quant à lui, en plus d'être le seul asiatique a des kilomètres à la ronde, est fan de bon vieux rock (enfin, de bon rock tout court, à l'époque, du coup), de comics et pratique le Taekwondo - toujours très astucieux pour remettre une grande gueule à sa place. Deux protagonistes en marge, donc, qui ne craignent pas d'afficher leur originalité, non pour paraître mais parce qu'être totalement eux-mêmes est une des rares libertés qui leur est offerte dans leur vie familiale compliquée. 

Vous voyez la chose venir : évidemment, ils vont s'aimer même s'ils n'ont de prime abord rien en commun du tout. Leurs fameuses vies familiales compliquées sont très opposées ; en outre, ils sont tous les deux sur une réserve qui ne se manifeste pas de la même façon. Mais à force de se retrouver plus ou moins fortuitement à côté tous les jours dans le bus qui les emmène au lycée, ils font connaissance silencieusement à coup de comics et de K7 audio - un enregistrement des Smith pour draguer, c'est quand même la classe ultime.

La musique sur cette cassette était spéciale... Elle se détachait des autres, elle lui mettait les poumons et l'estomac en boule. Il y avait quelque chose d'excitant dedans, et une sorte d'impatience aussi. Elle lui faisait prendre conscience que tout, le monde entier, n'était pas ce qu'elle pensait. Et c'était plutôt chouette comme sensation. C'était la meilleure des sensations. 

Au tout début, honnêtement, je me suis contentée de trouver ça mignon et par la suite, il m'est même arrivée d'être totalement horripilée par une Eleanor un poil trop Drama Queen pour moi. Mais c'est sans compter le fait que Rainbow Rowell a su saisir à la perfection toutes les premières fois d'une histoire d'amour naissante entre adolescents. Elle a exactement tout compris, ce qui donne un roman extrêmement fin, pertinent, tendre et follement touchant. Même les réactions en dents de scie d'Eleanor, à bien y réfléchir, prennent du sens : après tout, elle n'a que 16 ans. Que voulez-vous, à cet âge-là, on fait ses premières armes avec les hormones ! 
Du coup, j'ai fini par me laisser prendre comme une bleue, à dévorer toute la deuxième partie du roman avec un mélange d'avidité et d'anxiété - puisque le préambule laisse présager une fin qui ne fait pas sauter au plafond. J'allais dire qu'avec cette lecture, j'ai retrouvé mes 16 ans, ce qui est totalement faux, mais c'est précisément là que réside la magie des bons romans : s'y croire complètement et s'identifier sans restriction aux personnages.
Je n'ose imaginer ce que j'aurais ressenti, du coup, en le lisant adolescente... Sans doute que je n'aurais cessé de le relire encore et encore. Sans doute que je serais tombée amoureuse de Park. Sûrement même. Sans doute que j'aurais découvert Les Smith un peu plus tôt qu'en réalité et que je les aurais ensuite écoutés en relisant le roman pour 374ème fois.
Notez, d'ailleurs, que malgré les quelques années (si peu) qui s'ajoutent à mes 16 ans de jadis, il n'est pas impossible que je le relise quand même. Au moins quelques passages. 

Bref, finalement, j'ai adoré Eleanor & Park

- Je crois que je n'arrive pas à respirer quand on n'est pas tous les deux. En d'autres termes, quand je te vois le lundi matin, ça fait environ soixante heures que je retiens mon souffle. Ça explique peut-être que je sois grognon et que je m'énerve contre toi. Tout ce que je fais quand on est loin, c'est penser à toi, et tout ce que je fais quand on est ensemble, c'est paniquer. Parce que chaque seconde semble si importante. Et parce que je suis vraiment incontrôlable, je ne peux pas m'en empêcher. Je ne m'appartiens même plus, je suis à toi, et qu'est-ce qui se passera si un jour tu décides que tu ne veux plus de moi ? Comment est-ce que tu pourrais me vouloir autant que je te veux ? 
Il était silencieux. Il aurait voulu que tout ce qu'elle venait de lui dire soit la dernière chose qu'il entende. il voulait s'endormir avec ce "Je te veux" à son oreille.

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04/02/2017

Le Garçon de Marcus Malte

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Même l’invisible et l’immatériel ont un nom, mais lui n’en a pas. Du moins n’est-il inscrit nulle part, sur aucun registre ni aucun acte officiel que ce soit. Pas davantage au fond de la mémoire d’un curé d’une quelconque paroisse. Son véritable nom. Son patronyme initial. Il n’est pas dit qu’il en ait jamais possédé un. Plus tard, au cours de l'histoire, une femme qui sera pour lui sœur, amante et mère, lui fera don du sien, auquel elle accolera en hommage le prénom d'un célèbre musicien qu'elle chérissait entre tous. Il portera également un nom de guerre, attribué à l'occasion par les autorités militaires en même temps que sa tenue réglementaire d'assassin. Ainsi l'amour et son contraire l'auront baptisé chacun à sa façon. Mais il n'en reste rien. Ces succédanés aussi seront voués à disparaître à la suite de cette femme et de cette guerre et de l'ensemble du monde déjà ancien auquel elles avaient pris part. p. 8

J'ai beau ne pas beaucoup verser dans la brûlante actualité littéraire présentement, je n'ai pas su résister à l'appel de ce roman à force de chroniques élogieuses chez bien des blogueuses que j'apprécie. Et voilà qu'au détour d'un rayon de la médiathèque, il était là, qui m'attendait. Un des rares romans de la rentrée littéraire encore sur sa table d'exposition : il fallait que ce soit celui-ci ! Ce fut un signe comme un autre. Qu'à cela ne tienne ! Garçon,  me voilà ! 

Toute première page et première impression : quel incipit ! Poétique, mystérieux, total. En un moment : éblouissant. Il ne m'en faut pas plus pour plonger tête baissée dans le récit et découvrir cette atmosphère que j'aime tant, que j'avais déjà savourée chez Garcia Marquez ou chez Sylvie Germain (différemment mais toujours sublime) - un mélange savoureux d'âpreté très réaliste et de magie toute lumineuse. Le Garçon, c'est de bout en bout ce tourbillon incongru des saveurs, épicé, acide ou brûlant.

Nous ne saurons jamais qui est le garçon. Tel un personnage de conte - la vie n'est-elle pas un conte lorsqu'on l'envisage avec de la hauteur et sous la bonne lumière ? - il évolue sans véritable identité. Il est cet être sans visage, sans traits très définis, qui pourrait être n'importe qui et campe pourtant, solide, un physique que  l'on ressent puissant et très tendre. A mesure de son périple dans la vie, dans le monde, dans les villages de France et de Navarre, le garçon apprend à être un homme - ce que sa mère, avec qui il vivait jusqu'ici reclus, en Perceval moderne, avait omis de lui enseigner. La présence même de l'autre lui était jusqu'ici inconnue. Il apprend à côtoyer ses semblables donc, se sentant appelé par l'humanité comme un loup par sa meute. Les débuts sont difficiles : l'autre n'est pas toujours tendre. Il fait l'expérience du labeur, des moqueries et plus que tout, de la mort qui défait inlassablement les liens doucettement créés. 

C'est un temps de mue. Corps et âme. Les poils chassent le duvet et la lucidité déchire de ses griffes acérées le voile de l'innocence - et la voilà qui pointe à travers les lambeaux son triste museau d'huissier. on peut en prendre le pari. assis le soir le regard dans le feu et les lèvres qui ânonnent en silence. C'est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l'existence : nombre de ravages et quelques ravissements. p. 174

Et voilà qu'au détour d'un chemin, c'est la rencontre suprême, l'éclair, l'accident : l'amour ! C'est cette voiture qui envoie valser sa roulotte solitaire et le garçon, blessé, est recueilli par un vieux père et sa fille. Elle le soigne, elle lui joue encore et encore du piano comme elle lui chanterait son affection d'abord, puis sa passion. Le garçon, jusqu'ici, avait appris à être un homme. Il apprend à présent à être amant. Au passage, et subtilement, Marcus Malte transforme son verbe en une prose libertine, plus cinglante, plus humide qu'auparavant, non sans conserver le pouvoir d'emporter le lecteur avec une fougue impressionnante. 

Pores, poils, pulpe alimentent le feu. L'esprit encense, le sang bouillonne et les humeurs coulent, s'expriment, diffusent à l'envi. Le décor varie mais c'est leur corps qui est le vrai théâtre de leur concupiscence. p.262

Voyage, amour : et puis la mort. On le sait dès le départ, comme dirait Ferré, il faudra qu'il y ait le guerre. On le sait bien. Et dans tout ce récit intemporel, qui pourrait être n'importe quand, voilà que la guerre marque le temps fatalement, irrémédiablement. Tranchées, obus, boucherie. On sait où le garçon s'en est allé, on sait dans quel marasme il a perdu un peu de son âme. Le style devient visqueux, puant - d'une sensorialité prégnante à l'image de ce qu'a dû être le quotidien des Poilus. De longues et terribles phrases s'enroulent autour du lecteur, on étouffe, on voudrait en sortir - quand les phrases ne se font pas soudain courtes pour devenir gifles. Mais puisque le garçon tient, on poursuit, on ne plie pas sous la virtuosité des mots, on marche nous aussi sur les sentiers, on court aussi sous la mitraille, on enfonce aussi la lame dans le cou de l'ennemi. 

Et maintenant ils marchent. 
C'est un pays de labours. Un pays de fermes, de villages, de blé, de vignes, de vaches, d'églises. C'est un pays de pis et de saints. C'était. La magie de la guerre. Qui tout transforme, hommes et relief. Mets un casque sur le crâne d'un boulanger et ça devient un soldat. Mets un aigle sur son casque et ça devient un ennemi. Sème, plante des graines d'acier dans un champ de betteraves et ça devient un charnier. Plus fort que W. C. Harding. Plus vaste. Le grand cirque, la caravane. La parade monstre. 
Ils marchent. p. 355

De tout ça, que reste-t-il ? J'aimerais pouvoir me souvenir de bien plus, être capable de réciter des passages entiers. La mémoire est toujours bien défaillante au regard d'un livre qu'on a aimé ! Je conserve pourtant l'essentiel, probablement : cette certitude d'avoir vécu un sacré beau voyage comme la littérature de talent en a le secret. D'avoir touché du doigt et des yeux une vie pleine, entière, ronde comme un perle rare ; subtile et ombreuse comme l'est toute vie de chair et d'os. 

- Les gens du voyage, dit Brabek. C'est ainsi qu'on les nomme. Mais au bout du compte, est-ce que nous ne sommes pas tous du voyage ? p. 163

Le Garçon de Marcus Malte, Zulma, 2016, 535p. 

 
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le garçon,marcus malte,amour,vie,voyage,humanité,nom,guerre,première guerre mondiale,talent,chef d'oeuvre,coup de coeurChallenge rentrée littéraire 2016 chez Hérisson 
3ème participation